Mariette Yao

La Côte d’Ivoire en action avec le bénévolat

Quand je regarde autour de moi je me dis qu’il y a de l’espoir pour la jeunesse africaine. Cette jeunesse consciente qui sait se détacher de la politique et des politiciens pour tendre la main à son prochain.

Quand je regarde autour de moi je me dis aussi que le web peut aider à redorer le blason de la jeunesse africaine. Celle qui ne trouve pas d’excuse bidon comme le remboursement de la dette coloniale pour escroquer les occidentaux.

Sauvons-nous nous-même.

Le samedi 14 mars j’ai chaussé tennis et t-shirt à l’effigie de l’évènement pour donner un peu de mon temps et de mon énergie aux filles de l’orphelinat de grand Bassam.
Cet orphelinat qui existe depuis 1971 dans la vielle capitale ivoirienne, abrite 130 filles du primaire et du collège qui y suivent leur éducation.

Sous l’initiative de Ray le bénévole, qui a principalement utilisé les réseaux sociaux pour relayer ses informations, les internautes ivoiriens ont pu se fédérer autour d’un thème: Le repas du cœur.
Le repas du cœur se veut être un repas fait du fond cœur avec les apports de donateurs en faveur de ceux qui en ont le plus besoin.

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Le repas du cœur

Après plus d’un mois de campagne intensive de nombreux dons en nature ont pu être réunis pour la réussite de ce jour. Le repas du cœur pour cette première édition a rassemblé 110 bénévoles, des étudiants et de jeunes travailleurs en majorité.

C’est dans une très bonne ambiance que nous nous sommes rendu le matin à l’orphelinat pour mettre en place la décoration et les jeux qui ont servi à animer cette journée.

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Pendant qu’une séance de maquillage artistique sur les jeunes pensionnaires avait lieu, des bénévoles en plus de cuisinières locales s’activaient en cuisine. Certains prêtaient main forte dans le réfectoire et d’autres sur l’aire de jeux.

La séance de jeux a ensuite pu commencer avec le château gonflable, le trampoline, la chasse aux trésors etc.

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Par petit groupe les bénévoles ont fait de leur mieux pour égayer les enfants qui n’ont pas hésité à se mettre dans le bain.
En fin d’après-midi six fillettes ont pu célébrer conjointement leur anniversaire qui s’est clôturé avec la coupure du gâteau.

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C’est le cœur heureux que nous avons quitté l’orphelinat en nous promettant de revenir et de pousser nos actions plus loin.

Plus d’info sur l’orphelinat des filles de Bassam : https://orphelinatbassam.com/


Monologue d’un malade

Je suis malade et ils rient.
Les gens de l’autre côté de la porte,
Ils rient, ils prennent du bon temps.
Je suis là dans mon lit et je souffre.
Ils savent pourtant que je vais mal.
Pourquoi ne viennent-ils pas à mon chevet,
Prier, me mettre un gant froid sur le front,
Me passer du baume sur la poitrine,
Me masser les pieds?
J’arrive à peine à tenir sur mes pieds.
Ces pieds que je prenais pour aller gagner le pain qu’ils mangent aujourd’hui.

Trois jours que j’ai de la fièvre et personne ne panique.
Ma gorge est sèche.
Ils devraient venir me porter l’eau à la bouche.
Où pourrais-je trouver la force?
Ce matin Marie est passée furtivement me toucher le front.
Je ne lui ai rien dit pensant qu’elle s’attarderait un peu plus.
Elle est reparti aussi vite qu’elle est entrée me laissant seul avec mon mal.
Je senti à l’odeur de ses mains qu’elle a cuisiné un poulet.
Cela m’a un peu ouvert l’appétit.
J’aime beaucoup le poulet sauté aux petits légumes qu’elle me propose de temps à autre.
Elle le sait!
Veut-elle m’obliger à me traîner pour aller lui demander de me nourrir ?
Les malades ont aussi besoin de manger.
Enfin quand ils peuvent.
M’en veut-elle encore pour sa soupe que j’ai repoussé hier soir?
J’avais l’estomac noué, elle devrait le comprendre.
On ne force pas un estomac qui ne peut rien recevoir.

Derrière la porte Jaques et Julien rient avec Marie.
Sont-ils venus me narguer avec leur joie de vivre?
Moi leur ami de si longue date.
Mon mal mérite pourtant soins et silence.

 


Chez moi Charlie n’a jamais vécu

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La violence de l’attaque qui a coûté la vie à huit journalistes de Charlie Hebdo et à deux policiers laisse le monde dans un grand effroi.
Exécutés de sang-froid par des terroristes comme déjà trop d’otages l’ont été dans les zones de conflits.
Quelle horreur! Quelle horreur pour les familles des victimes !
Quelle indignation pour tous ces musulmans qui se sentent une fois de plus trahis par ces terroristes qui détournent les préceptes de l’islam.

On vit le désarroi la France qui a prôné l’égalité, la fraternité et la liberté d’expression.
Partout dans le monde nous nous sentons tous Charlie.
Spécialement nous blogueurs, journalistes, caricaturistes
Je pense aussi à mon pays où Charlie n’a jamais vécu.
Je pense à la presse écrite ivoirienne particulièrement qui diffusera l’information vivement colorée par le parti soutenu.
Pour éviter de se faire intoxiquer, il faudrait acheter au moins quatre journaux différents et faire soi-même sa synthèse.

Chez moi Charlie ne vit pas.
Les rares caricatures qu’on peut apercevoir dans les dernières pages de certains journaux sont de bien gentils dessins.
On ne va jamais trop loin. On n’attaque pas vraiment. On peut rire, mais sans trop prendre position. On ne sait pas où on pourrait finir.
On pourrait nous obliger à rendre notre démission. On pourrait sanctionner notre journal.
On pourrait nous enlever et nous bastonner. On pourrait nous mettre en prison. On pourrait nous tuer.
Regarder « le Petit Journal » de Canal+ par exemple, l’actualité en dessin dans « On n’est pas couché », tomber sur la satire décalée de Charlie Hebdo nous faisait rêver et nous faisait garder espoir d’une liberté de la presse chez nous.
Chez moi en 2015, on ne peut toujours pas critiquer ouvertement les politiques ou le parti au pouvoir.
On espère toujours voir la naissance d’un Charlie.
La liberté de la presse en Afrique n’est pas pour demain.

Consulter le classement mondial de la liberté de la presse en 2014 : Reporters sans frontières


Décembre: le cœur des hommes est en solde et le corps des femmes aussi

C’est le jeu du chat et de la souris, du poseur de lapins et de la doublée*.

A Abidjan, décembre est le mois où le cœur des hommes est en solde et le corps des femmes aussi.

Plus intense que février la saison officielle des amours, décembre reste le mois des bilans. Plus le temps de prendre son temps ou d’attendre le train de l’attachement qui se fait trop lent.

Les hommes clament partout qu’ils ne se laisseront plus avoir par ces femmes qui ne deviennent belles qu’en cette période et réclament une contrepartie pour entretenir cette beauté qu’elle braderait tout de même au plus offrant.

Les femmes jurent qu’elles ne se laisseront plus avoir par ces hommes qui ont passé l’année à profiter de leurs largesses et qui à l’approche des fêtes de fin d’années établiront un climat tendu rien que pour pouvoir s’échapper, le 24 ou le 31 décembre, avec la nouvelle beauté rencontrée au coin de rue.
Celle même qu’ils se défendaient d’avoir avec eux parce qu’ils ne sont pas pour l’attrait de ces moments d’échanges éphémères de fin d’année.

Poulets sans propriétaires*

Ecoutez-les parler, regardez-les agir. Ce que la bouche dit le corps ne suit pas. Sacrées pulsions ! Elles sont trop belles les filles en décembre. Il paraît même que celles qui ne le sont pas feraient exprès.

Ces cœurs d’artichaut attendent ce mois pour laisser éclater plus que jamais leur frivolité.

Alouette, gentille alouette je te plumerais. 

Ecoutez-les parler, regardez-les agir.

Certaines affirment que puisqu’ils se méfient tous en décembre des agissements de leurs dulcinées c’est en novembre que tous les pièges sont posés.
Qu’il soit particulièrement amoureux, que celui qui a les poches vides s’abstienne!
Personne ne veut terminer l’année mal accompagnée.

Avoir une partenaire toute l’année et passer les fêtes seul, ce serait comme économiser pour acheter un cadeau et se faire voler le jour même de l’achat.
Et puis vers qui se tourner pour une étreinte sulfureuse au passage à la nouvelle année?

 

 

Lexique ivoirien

Doublé : personne à qui on a posé un lapin

Poulet sans propriétaire : personne sans attache


Pourquoi sommes-nous sur cette terre ?

J’attends beaucoup de la vie et je pense que j’en ai le droit malgré le chaos actuel dans lequel nous vivons.

Pourquoi sommes-nous sur cette terre ?
On se pose la question à un moment ou un autre de notre vie. Alicia Keys a répondu à sa manière en disant :  » Nous sommes là pour chacun d’entre nous ». La puissance de cette question l’a poussée à créer un mouvement (We Are Here) et faire de ses fans des soldats de la paix. Quel bel objectif de vie!

Je continue d’attendre beaucoup de la vie même si ces attentes me laissent souvent dans un état de manque. J’aime à dire, on n’en a pas assez d’une vie pour faire tout ce qu’on veut de sa vie. Être là où on est supposé être et se sentir bien, en phase avec ses convictions, c’est peut-être le début.

Trouve dans ton cœur une place pour aimer simplement sans attente, sans intérêt : c’est peut-être même la définition de l’amour, du don de soi.
C’est quoi aimer son prochain ?
J’ai passé la soirée du 11 octobre 2014 au dîner de bienfaisance de la Fondation Mireille Hanty. ONG pour laquelle je me suis engagée à faire la campagne JeDisNonCiv sur le net. Cette campagne avait pour objectif de sensibiliser sur le fait que des enfants naissent, grandissent en prison au-delà de la limite d’âge autorisée par la loi. Ces enfants-là évoluent dans ce milieu inapproprié, sans suivi médical, sans aller à l’école, sans avoir un espace à eux.
La fondation a donc pris le pari de scolariser ceux qui étaient en âge d’aller à l’école, emmener des pédiatres, des pédopsychologues, des médicaments en prison, ce qu’elle a réussi. Jamais auparavant des enfants n’avaient été sortis de la prison le temps d’une journée scolaire et ramenés auprès de leurs mères puisqu’ils sont obligés d’y rester.

Cette campagne m’a tenue en éveil intellectuellement, émotionnellement, et grâce à elle j’ai pu satisfaire mon envie d’aider les autres.
J’ai vu à cette soirée beaucoup d’amour. J’ai vu beaucoup de partage. J’ai vu la présidente de la fondation déborder d’amour, donner ce qu’elle avait au fond d’elle-même. A ces instants, je débordais moi aussi d’amour, ce que je ressentais depuis le début de la soirée avait fini par embuer mes yeux.
J’ai vu l’assemblée suspendue à ses mots. J’ai compris dans son regard ce qu’était la profondeur du combat. J’ai vu des gens réaliser pourquoi ils étaient là ce soir et pas ailleurs.

Pourquoi sommes-nous ici? Que l’on croie à la destinée ou pas, au fond, nous sommes là pour chacun d’entre nous.


La crise du quart de siècle

Les études faites par les spécialistes de la santé mentale sur la crise du quart de siècle sont moins nombreuses que celles sur la crise de la quarantaine. La première étant pourtant toute aussi réelle et ressentie par beaucoup de jeunes adultes passé les 25 ans.

21 ans: l’âge officiel du passage au monde adulte, de la maturité, de la majorité civile et pénale.
La vérité c’est qu’à 21 ans on est pour la majorité, étudiant vivant chez ses parents ou sur un campus sans revenu régulier. On est donc encore sous la protection morale et financière de ses tuteurs.

Sorti à peine de l’adolescence on peut s’intoxiquer à l’alcool en toute légalité. C’est la fête avec les amis tous les weekends ou presque. On profite des beaux jours de l’insouciance.

Quelques années plus tard il y a ce passage brutal auquel personne ne t’a préparé. Tu te cognes la tête contre ces règles non dites de ce monde.

Ils l’appellent le monde réel.

Tu le voyais mais tu n’étais pas obligé de t’impliquer, d’assumer plus de responsabilités.
Tu arrives à un stade où tu n’es plus vraiment tout jeune. Il y a des activités que tu ne peux plus assumer.
Tu aimes les jeux-vidéos mais aussi les dîners chics entre amis.
Tu aimes aller en club mais un bon brunch ou un barbecue le dimanche ferait aussi l’affaire pour se détendre.
Tu regardes toujours tes Mangas mais aussi le journal télévisé pour t’informer sur ce monde réel ou avoir de la conversation le lendemain au bureau.
Tu es engagé dans une relation ou pas mais la majorité de tes amis le sont.
Des bébés commencent à apparaître dans le groupe alors que tu es encore à boire de la bière, manger des frites et du Nutella au dîner parce que tu avais la flemme de faire à manger.
Tu es suffisamment adulte pour avoir un compte en banque mais quelques fois pas assez pour prendre un appartement.
Tu entres dans le moule du formatage sans trop savoir comment tu es arrivé là et comment t’y prendre.

C’est le schéma classique du costume le matin.  L’air grave tu laisses prétendre que tu assures mais au fond tout ce dont tu as envie c’est d’une glace pour te réconforter face à tous ces changement.


Après le CDD et le CDI, le CFF.

On a tous déjà entendu parler des CDD (Contrat à Durée Déterminée) et CDI (Contrat à Durée Indéterminée) mais saviez-vous qu’en Côte d’Ivoire il existe un autre type de contrat pour le travailleur?
Le CFF : le contrat façon façon.

Façon ici dans le langage ivoirien signifie bizarre, la répétition du mot accentue l’ambiguïté de la chose.

L’Afrique me direz-vous. L’Afrique où la tradition de l’oralité se perpétue, où la poignée de main fait office de signature. On se fait confiance nous.

Une situation que beaucoup de jeunes travailleurs connaissent ici

Après un entretien avec le directeur général/des ressources humaines/comptable/chef de projet/etc, le patron en somme, tu es engagé pour une période d’essai.
C’est tout heureux que tu te dis enfin tes qualités sont reconnues. Tu ne signes rien, n’exiges pas que les détails sur ton salaire te soient expliqués. Il serait trop tôt pour parler d’argent.

Une tape sur l’épaule, on t’encourage, tu souris et avances

Tu es arrivé donc au terme de tes deux mois d’essai, tu n’es pas relancé par ton patron mais tu viens tôt chaque matin et repart le soir comme un employé modèle.
A la fin du mois tu reçois ta prime moins les imprévus. Ce qui veut dire que si on t’avait proposé 50.000 fcfa et que les choses ne vont pas très bien, tu recevras 40.000 fcfa ou 30.000 fcfa ou rien du tout.

De temps en temps  si tu es en baisse de régime, on te rappelle que même cette position indéfinie que tu occupes est recherchée par des centaines de jeunes aux mêmes aptitudes que les tiennes.
Après avoir été avili par le système et avoir entendu plusieurs portes claquer, les miettes deviennent du pain acceptable.

Tu surfes sur les vagues de l’incertitude

Il y a 6 mois que tu es là, tu as appris par toi-même parce que ton boulot c’était de faire les courses de ton supérieur ou parce que personne n’a eu le temps pour toi. Tu n’as hérité que du travail « ingrat » mais c’est normal.

Tu aurais dû évoluer un peu quand même après avoir passé trois fois ta période d’essai. Si depuis on ne t’a rien dit au sujet de ton embauche, qu’on ne t’a pas renvoyé et que tu es là malgré tout… Bien, tu peux te considérer en CDI. Enfin, un CDI moral que l’une des deux parties peut rompre à tout moment.

Si tu as la chance de tomber dans une compagnie ou tu apprends le métier avec des seniors, tant mieux! Tu considères cela comme tes années sacrifices.  Tu persévères en espérant que les choses évoluent. On ne sait jamais. Après tout, on a tous commencé sous payé avec la motivation et l’énergie de notre jeunesse comme soutient.
Se battre dans la vie c’est peut être ça.

Mais je pense qu’on ne construit pas sa carrière sur des espoirs.


Chéri n’oublie pas que la Coupe du monde ne dure qu’un mois

Les péchés que vous commettez aujourd’hui seront retenus contre vous et ressortis des tiroirs le moment voulu, méfiez-vous très chers !
C’est connu, une femme ce n’est pas rancunier, mais ça aime bien garder les dossiers.
Quand je te disais, oui c’est bon on est passé à autre chose, en fait j’avais croisé les doigts.
Aussi cliché et sexiste que cela puisse être, c’est toi en caleçon et moi ramassant les bouteilles de
bière vides qui fait mon quotidien de ce Mondial.

Te voir assis ainsi la télécommande à la main, les yeux rivés sur le plasma, me désole.
Oui je suis une fille, j’ai besoin d’attention et de complicité même pendant la Coupe du monde. Je ne te savais pas aussi engagé, ardent. J’aurais aimé que tu transposes cette fougue ailleurs… suis mon regard.

Toutes ces soirées karaoké où tu ne faisais pas l’effort de te mettre dans l’ambiance et maintenant je te vois mimer l’hymne national d’équipes étrangères. Tu ne les connais même pas ces hymnes.
Main sur la poitrine : aller allleeeeeer tu te vois sur le terrain.
Je te regarde de loin après avoir  tenté  de suivre quelques matchs avec toi.

Ils sont nombreux à ne pas vouloir regarder la compétition avec leur moitié. Elles poseraient trop de questions. Comme si les règles du football étaient si compliquées à comprendre.
En voyant Balotelli lutter avec une chasuble ou Ribéry essayant de faire deux phrases correctes, je ne crois pas. Je reconnais que ce tacle est facile, mais bon sang accordez-nous un peu de crédit.

Tu sais que le foot je le tolère et j’arrive même à vivre avec passion 1 h 30 quand c’est notre équipe nationale qui joue. Mais si toutes les minutes tu dois me lancer un appel parce que ta fébrilité te pousse à dévorer tous ces paquets de chips de pomme de terre et que pour ne pas manquer une action tu ne peux te lever…
Même à la mi-temps on ne peut pas avoir de conversation avec toi.
Mais oui c’est le temps des débriefs. Tu refais toute l’organisation de l’entraîneur.
Si tes potes sont là alors je n’espère même plus. J’attends sagement que l’euphorie passe.
Je fais bon usage de ma connexion Internet et de mes séries télévisées. Et après je peux bosser un peu ou lire ou dormir.
Mais chéri n’oublie pas que la Coupe du monde ne dure qu’un mois.


Parlons Hindi: 10 mots courants

En plus du décor surréaliste et du rythme trépidant de l’Inde, ce qui interpelle les étrangers ce sont les interjections et la gestuelle qui accompagne la parole.

Voici, selon moi, le top 10 des mots et interjections Hindi que vous entendrez certainement au cours d’une conversation en hindi ou en anglais.

1- Acha

Acha (prononcez a-tcha) est une façon d’acquiescer équivalente du OK – ou je suis d’accord – qui s’accompagne souvent d’un balancement de la tête de gauche à droite qui peut être déroutant la première fois, ne sachant pas si la personne dis oui de la bouche et non de la tête.

2- Pakka

Pakka ou exactement en français, ponctue les phrases pour assurer l’authenticité de la chose.
This is 100% pakka :  ceci est sure à 100 %.

3- Yaar

Yaar qui signifie mon ami, mon pote est souvent ajouté à la fin d’une phrase pour impliquer la personne avec qui on parle.
Yaar est utilisé seulement pour le genre masculin.

4- Arey

Equivalent de Eh en français est une interjection pour interpeller une personne.
Arey! don’t move yaar! :  Eh! Ne bouge pas mon pote!

5- Ek minute

Ek minute qui signifie littéralement une minute est le symbole de la minute indienne qui équivaut bien souvent à une bonne demi heure.  Surtout dans les restaurants.
It will take ek minute only : ça ne prendra qu’une minute. Si vous entendez cette phrase apprêtez vous à patienter.

6- Namaskara ou Namaste

Namaskara en kannada langue majoritairement parlé dans le sud de l’Inde ou Namaste pour vous dire bonjour en Hindi.
On vous saluera régulièrement dans la rue, que ce soit des inconnus ou vos voisins.

7- Chalo chalo

Chalo signifie allons. La répétition du mot montre l’empressement. Dans le langage courant, les mots sont doublés pour accentuer l’action.
Habituez vous au rythme indien. Chalo chalo, allons vite.

8- Ila

Je n’ai pas ou c’est fini. Combiné avec paisa (l’argent) est peut être la première phrase qu’un touriste devra apprendre. Avec le nombre de personnes en détresse qu’on rencontre dans la rue et qui à la vue des étrangers se précipitent pour mendier.
Paisa ila : je n’ai pas d’argent.

9- Chal

Ok ou bon/bref qui met fin à une conversation.
Chal, I got to go now : Bon, je te laisse maintenant (à la fin d’un appel téléphonique).

10- Aiyo

Aiyo d’un ton grave et désespéré exprime ici la déception. Similaire au Oh non, aiyo est souvent accompagné de la paume ouverte pointant vers l’interlocuteur.
Aiyo you broke my mug again: Oh non tu as encore brisé ma tasse.

 

Pour apprendre l’hindi: https://www.ilanguages.org/fr/hindi.php


Le dimanche à Abidjan c’est le jour du Zouglou

Le Zouglou est une musique urbaine née dans les années 90 en Côte d’Ivoire.
Au départ un moyen d’expression et de revendication de la communauté estudiantine, elle s’est étendue au delà de leur frontière.
« Toi tu sais pas tirer lance-pierre c’est fusil tu veux soulevé »: parole de zouglouman.
Ces proverbes à l’ivoirienne font la beauté de ces chansons. Entre satire et rire le zouglouman a toujours le mot qui touche sa communauté.

Le triangle de beermude (lire biere_mude)

Il y a d’un coté le Zouglou, d’un autre notre brasserie nationale et au troisième angle les *maquis.
Au centre de ce triangle de beermude se trouve les consommateurs de musique et/ou d’alcool, l’un n’excluant pas l’autre.
Le décor étant planté, je vous emmène dans un temple de Zouglou.
Un groupe vient de s’installer la musique a commencé depuis quelques minutes.
Les clients consomment déjà quelques bières et se préparent moralement pour la messe.

ZOOOUGLOU : répondez C.I.

« Toi qui a perdu tout espoir sache que Dieu n’oublie jamais ces enfants. Nul n’est venu sur cette terre pour accompagner ces amis »: Parole de zouglouman!

Le zouglouman (chanteur de Zouglou) prends sa voix triste -émaillée souvent par des années de chansons sans micro durant les cérémonies ou par la bière et la cigarette- et évoque les maux de notre société.

En communion avec lui nous balançons les mains de gauche à droite. Nous sommes touchés, nous nous retrouvons dans les situations décrites.
Nous décidons de consommer encore un peu plus, la tristesse nous gagnant il faut bien se détendre.

Puis ça continue, le lead vocal nous distille ses mélodies mélodramatiques avec un message d’espoir à la fin. Ses choristes appuient le rythme avec des oh des eh à nous faire verser une petite larme, celle qui vient du cœur.

On consomme un peu plus; les gérants de maquis auraient-ils trouvé la formule magique pour faire leurs recettes? 

On entre finalement dans la deuxième partie, la plus joyeuse. Celle qui fait danser et oublier tout ce que l’on vient d’entendre. C’est souvent aussi le moment des freestyles, des improvisations.
Le tam-tam mis en avant, c’est au rythme de blagues et de situations drôles décrites que l’on décide de montrer notre enthousiasme par des applaudissements nourris, quelques pas de danse ou même quelques billets de banque.

Le Zouglou a le mérite indéniable d’être le porte voix de notre société avec des textes et une identité musicale qui fait la fierté de la Côte d’Ivoire.

*maquis: petit restaurant/bistrot