Mariette Yao

Le Betafixe: l’avenir de la salubrité en Afrique

Le texte ci-dessous est une fiction, s’appuyant sur le constat réel du problème d’insalubrité en Côte d’Ivoire

Comme je suis fière de mon pays, la Côte d’Ivoire!
Comme je suis heureuse d’être dans un pays où la technologie est en plein essor, où les cellules de soutien à l’entrepreneuriat féminin se multiplient et surtout où les citoyens sont des icônes de la discipline.
Nous sommes très attachés à ce dernier point, c’est pourquoi les patrons de hautes sphères ont décidé que nos rues soient désormais recouvertes de Betafixe1.
Nous sommes l’un des rares pays à l’avoir et même le premier pays africain à le posséder. L’arrivée du Betafixe1 est donc accueillie avec grande ferveur.

Ce n’est pas rare que nous soyons premiers. C’est une position pour laquelle nous travaillons et c’est un classement qui nous va bien. Pour exemple, nous sommes le pays qui a le plus accru sa prospérité au niveau mondial au cours des 10 dernières années.

Les ingénieurs locaux et internationaux y ont longuement travaillé. Une équipe a été formée avec les meilleurs venus du Maroc, de la France, de la Chine et de la Cote d’Ivoire. Le produit est enfin disponible et les rues ont commencé à recevoir leur traitement d’embellissement.

Il est constitué de plusieurs plaques fines allongées comme des barres de fer et recouvert d’une couche similaire au bitume. Ces plaques sont jointes les unes aux autres par des ressorts qui permettent de les écarter ou les resserrer. Elles viennent en bloc pour couvrir chaque mètre carré. Pour l’installer un espace est laissé entre la couche meuble de terre et celle de couverture, afin d’obtenir un réceptacle qui servira de zone de traitement.
En dessous de chaque assemblage de Betafixe1 est posé un broyeur. Il traite directement tout ce qu’il reçoit comme déchets, les transforme en une poudre qui prend un chemin et atteint directement une zone d’épuration via des tuyaux.

Ceux-ci sont en matériaux 100% recyclable, présentant une haute résistance à la fissuration, avec des diamètres allant de 160 mm à 1000 mm. La zone d’épuration récupère ce qui sera transformé plus tard en compost et acheminé vers les agriculteurs qui ont conscience que la santé passe aussi par l’assiette et font de l’agriculture réellement Bio.

Les habitants de mon cher pays qui ont l’habitude de jeter tout ce qu’ils ont dans leurs mains dans la rue sont bien chanceux.

Plusieurs fois dans la journée nous entendrons une sirène dans la zone où le Betafixe1 est pret à recevoir les déchets, obligeant tout le monde à s’arrêter. Les barres de Betafixe1 s’écartent donc, reçoivent les déchets et se referment. La rue est débarrassée des immondices et la vie reprend.
Plus besoin d’insister sur l’éducation sociale, le respect des infrastructures publiques ni la politique de salubrité.

Nous remercions ce brillant travail des ingénieurs qui ont ainsi libérer mes compatriotes de cet effort d’entretenir leur environnement.

NB: 1- Betafixe: mot inventé pour le besoin du récit


Ma ville est sale et j’ai honte!

Ma ville est sale et j’ai honte !

Chez nous on dit qu’on ne montre pas son village de la main gauche. Cette main étant en effet traditionnellement utilisée pour faire des choses moins valorisantes. Autrement dit on ne montre pas son village ou sa famille sous un mauvais aspect. Mais aujourd’hui je n’ai d’autre choix que de dire ce qui est : Abidjan est une ville sale.

Il n’est pas possible de sillonner les rues d’Abidjan sans enjamber une flaque malodorante, des ordures qui débordent, des crachats ou autres fluides corporels que les passants ont bien voulu partager aux autres. On ne manque pas d’être littéralement écœuré dans certaines parties de la ville en arpentant les rues à pieds. Même les quartiers les plus résidentiels n’y échappent pas. Il suffit de sortir un peu de sa cité pour le constater.

« Interdit de jeter les ordures ici sous peine d’amende ! »

Cette indication est devenue ridicule parce que c’est souvent bien à cet endroit que la population jette ses ordures. Comme pour défier les interdictions, les rebelles se mettent là et contribuent à envahir correctement cet endroit avec des immondices. Les habitudes ont la peau dure et personne ne pense être responsable de l’environnement que nous partageons tous.

En somme, mettre simplement ses ordures dans un sac poubelle et bien le fermer est déjà difficile pour beaucoup. On renverse juste sa bassine là et le vent s’en chargera. Les caniveaux faits pour évacuer les eaux de pluie servent de canal direct de vidange de casseroles.

La mafia de la salubrité

Je dis mafia parce qu’on ne sait pas réellement comment se coordonne l’assainissement de notre environnement. On paie pourtant avec nos factures d’électricité des redevances télé et salubrité.
Un camion affrété par le ministère en charge passe normalement dans chaque quartier à des heures spécifiques pour le ramassage. Toutefois il est encore indispensable de payer des éboueurs de quartier, qui eux passent pratiquement tous les jours avec leurs tricycles prendre les ordures ménagères.
Pourquoi paie-t-on ces derniers alors qu’il y a déjà une organisation étatique sensé assainir l’environnement ? Ne payez pas les jeunes de quartiers et les camions de la ville ne passeront pas non plus. Vos sacs poubelles empilés devant vos portes vous feront chanter jusqu’à ce que vous cédiez.

Comment cela se fait-il ? Comment s’entendent-ils pour partager nos gains ? On ne sait pas. Tout ce qu’on sait c’est qu’on doit payer. En moyenne 2000 francs CFA par foyer/mois.

Des initiatives citoyennes pour redresser nos comportements

Si vous êtes sur la toile vous avez déjà certainement lu quelque part « un jour Abidjan sera comme Kigali ». En effet le Rwanda est un bel exemple de réussite en matière de propreté et d’environnement salubre. Des groupes se forment pour tenter de corriger ces habitudes qui nous tuent à petit feu. Un changement comportemental est indispensable à toutes les échelles si on veut un jour avoir une ville dont nous sommes pleinement fiers.


Ma lettre au président indien en visite en Côte d’Ivoire

Bonjour monsieur le Président ou Namaskara uncle comme on dit chez nous.
Entre nous il n’y a plus de protocole, c’est la famille.Orange, Blanc, Vert, entre nos drapeaux il n’y a que 90 degrés d’inclinaison. Nous partons dans des directions différentes mais certainement sur les mêmes valeurs. »La paix n’est pas un vain mot mais un comportement », ces mots d’Houphouet Boigny résonnent encore dans nos esprits autant que le combat de Gandhi pour la dignité humaine et la justice sociale.

Uncle, quand j’ai appris ta visite chez moi j’ai été surprise et heureuse. C’est la première fois que la plus haute autorité indienne met les pieds sur notre sol en visite officielle. Mais il est vrai qu’il y a longtemps que nous partageons des valeurs économiques et peut être même idéologiques.Depuis quelques années j’entends de plus en plus parler de ces partenariats, de ces accords et même de ces bourses que tu offres à la communauté africaine.

Le commerce bilatéral entre l’Inde et la Côte d’Ivoire est passé de 345 millions en 2010-2011 à 842 millions USD en 2014-2015. Dans le cadre de la coopération Sud-Sud, l’Inde a accordé une ligne de crédit d’un montant de 156 millions USD au gouvernement de Côte d’Ivoire pour financer des projets de développement. J’ai appris que ces projets touchaient à des secteurs très divers, tels que le transport public, l’électrification rurale, l’autosuffisance en riz, la transformation des noix de cajou, l’extraction d’huile végétale, le traitement des fibres de noix de coco ou encore le traitement des produits de la mer et le pôle de biotechnologies.(Source: MEA)

Incredible India

La paix, l’amour, les couleurs mais aussi la douleur.
Uncle, tu ne le sais peut être pas, tu n’es président que depuis 2012, mais tes compatriotes ont beaucoup de mal avec nous.
Nous (africains) avons une grande part de responsabilité dans ses heurts que nous vivons. On a tellement idéalisé ton pays, on s’est trop vite senti chez nous chez vous. A nos aises on a investit votre territoire sans penser qu’on pouvait vous blesser par nos attitudes. Ce n’était pas intentionnel.
Ton pays m’a accueilli, m’a donné le savoir que je mets aujourd’hui au service du mien. Ton pays m’a fait rêvé, m’a fait grandir. Je savais que j’étais noire mais je ne m’étais jamais sentie noire.

C’est quoi « être noir » ?

Etre noir chez toi c’est être au bat de l’échelle, c’est être dévisagé, c’est être insulté, c’est être stigmatisé.
C’est être agressé parce qu’on ne veut pas de toi là.
C’est être racketté parce que tu n’es pas d’ici.
C’est te faire refuser un appartement parce que les noirs ne sont pas propres, sont bruyants et vendent de la drogue.
Ce n’est pas avoir le secours de la police quand tu te retrouves dans une violente embuscade.
C’est ne pas avoir les premiers soins à l’hôpital sans vérification de ta carte de séjour.
Tant de clichés qui sont une réalité que j’ai vécue, que nous avons vécue mes frères noirs et moi.
Je me suis rarement sentie en sécurité chez toi. Trop souvent je me faisais interpeller dans la rue ; trop souvent je voyais des visages me regarder avec insistance, des chauffeurs de rickshaw nous insulter et cracher par terre quand on était pas d’accord avec le tarif qu’ils voulaient nous imposer.
J’avais pourtant mis une kurta sur un pantalon ample. Je n’étais pas mal vêtue, je vous respectais.
Trop souvent j’ai eu peur le soir ou quand je voyais des attroupements.

Quand j’appris ta visite ce 14 juin 2016, tous les souvenirs sont remontés à la surface. Ton pays m’a fait grandir, m’a appris à être tolérante. Je devais expliquer régulièrement que l’Afrique n’était pas un pays, que chez moi il y a des immeubles et des centres commerciaux, mais ça ne me peinait plus.
J’ai appris à être l’ambassadrice de mon pays. J’ai appris à aimer mon pays. Ton pays m’a apporté des expériences incroyables, des souvenirs exaltants et des amis que je garderais pour la vie.
Mais uncle maintenant que tu es venu nous rendre visite, que tu nous connais mieux, prends soin de mes frères qui sont encore chez toi. Demande à tes policiers de nous protéger, a tes compatriotes d’être patients et conciliants.
Nous voulons rester chez toi parce qu’on s’y sent malgré tout chez nous.
Nous ne sommes pas si différents.

Bon retour chez toi.
Merci pour tout.


Abidjan accueille le festival Africa Poésie

Abidjan accueille du 5 au 7 mai 2016 le festival Africa Poésie qui rassemble des poètes venus du Cameroun, du Mali et de la Côte d’Ivoire. Durant ces 3 jours des scènes seront ouvertes à plusieurs endroits de la capitale pour des ateliers, des panels de discussion et des spectacles.

Le lancement du festival Africa Poésie a eu lieu ce jeudi 5 mai à la galerie J. Stepholy. L’Ivoire club écriture et la société des artistes et poètes du Cameroun, initiateurs de ce festival, n’auraient pas pu trouver meilleur cadre que l’enceinte d’une galerie d’art lieu par excellence d’exposition de la créativité.

Les amoureux des mots, de la puissance de leur sens et de la rythmique de leur cadence ont pris part à cette soirée dédiée à la poésie et au slam.
C’est dans une ambiance soutenue par une musique instrumentale africaine qui remplis délicatement la salle d’exposition que les invités ont naturellement fait une halte devant les œuvres d’art avant de s’installer. Il serait en effet impossible de passer par la salle d’exposition sans que le regard ne soit attiré par les masques, les sculptures et les tableaux présents.

La tambin, cette flute traversière africaine encore appelée flute peule, a réveillée l’assistance de sa sonorité vive et ouvrit ainsi une atmosphère propice à la libération de ces vers. Les poètes, slameurs et conteurs se sont succédés pour déclamer leurs créations littéraires devant un public admiratif.

L’africain est-il poète?

20160505_203836L’Afrique se réclame détentrice de l’art oratoire. C’est en effet le principal moyen de transmission de notre culture. Les chants, les contes et les danses ont fait partis de notre quotidien et la jeune génération veut montrer que cet art vit encore.

Le continent africain a son lot de déboires mais sa culture survit.

Pour le président des écrivains de Côte d’Ivoire, M. Macaire Etty, c’est l’art qui nous humanise. La poésie a été longtemps réservée aux initiés et le festival a pour mission d’agrandir le cercle des amoureux de la poésie ainsi que d’éveiller les consciences africaines.
C’est également dans cette optique que M. Jean Cyrille Lerro, gérant de la galerie J. Stepholy qui promeut l’art africain contemporain, a ouvert ses portes pour la tenue de cet événement.

L’art vit en Afrique et l’Afrique vit dans l’art.

La tenue de ce festival dans la capitale abidjanaise n’est pas un hasard. Un dynamisme autour de la culture et de la littérature se fait de plus en plus vivant. De l’école des poètes au collectif « Au nom du slam » de jeunes poètes et slameurs se font ambassadeur de la culture et mettent leur quotidien en rimes.

Ci- dessus l’extrait de la prestation de l’étudiant, poète urbain.

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                                                                 Images de la soirée

Retrouvez ci-dessous le programme du festival

africa poesie 2016 Jeudi 05 mai 2016:
-A 18h30, Galerie J. Stepholy (Cocody-2-Plateaux, près de la Commission Nationale de la Francophonie) : Ouverture du Festival Africa Poésie.

Vendredi 06 mai 2016:
– A 14h30, Collège Haris d’Adjamé : Conférence sur le thème : Poésie et Slam : similarités ou amalgames ? Conférenciers : Bee Joe(Slameur) et Marchal Seri (Poète).
– A 16 heures, Librairie Carrefour Siloé (Cocody Saint Jean) : Dédicace du Livre  »Les larmes de Dieu » de Macaire Etty.

Samedi 07 mai 2016:
A partir de 9 h, à la Médiathèque (Non loin de la mairie de Treichville) : Activités autour du Festival Africa Poésie;
A 14h30: Final du Concours du Festival Ivoirien de la Création Poétique chez les jeunes.


Renaissance

Je ne savais pas ce qui me manquait,
Jusqu’à ce que je trouve ce qui me comble.

Tu remplis mon cœur de mouvements joyeux,
Je remercie tout le jour la providence de t’avoir mis sur ma route.
 
Nos chemins se sont croisés et recroisés jusqu’à ce que nos cœurs se rencontrent.
Nous étions prêts et tout le reste est devenu une évidence.
 
Comme une naissance nouvelle de mon être,
Ou un réveil de mes sens émerveillés par la douceur naissante de ce voile d’amour qui me caresse délicatement.
Nous étions prêts et tout le reste est devenu une évidence.


Yako Bassam

Aux âmes vaillantes la torpeur n’aura point d’effet.
Le signe de l’unité fera reculer toute forme d’adversité.
Les cris et la désolation semés ne feront que triompher l’amour.
Terreur et panique propagées en plein jour.

Au nom de quoi, au nom de qui ?

Hier nous étions atterré, déposséder de nos vies innocentes.
L’humanité perdait tout son sens.

Au nom de quoi, au nom de qui?

La brise maritime ne nous berce plus de douceur.
Elle emporte avec elle toute notre douleur.
Nous avons couru pris au piège de la mort.
Comme le ressac de la mer nous allons et venons encore.

Frappé mais toujours plus vivant.
Nous continuerons de travailler unis dans la discipline.

Bassam, je pose mes mots sur ton cœur blessé.
Le Monde, je pris pour toi.

 

*yako: exprime la compassion dans le langage ivoirien


La nigérisation de la Côte d’Ivoire

La jeunesse ivoirienne perd pied face à la vague de l’influence nigériane qui souffle sur l’Afrique. De la coloration musicale à la tenue vestimentaire, la Côte d’Ivoire bouge au rythme de ses frères du Nigeria.

La culture cette appartenance qui fait la fierté d’un pays, la continuité d’un peuple, la pérennisation de l’histoire d’une nation.
Si la mondialisation nous rapproche, la culture nous distingue, et ce pour le bien de la mémoire d’une patrie, d’un groupe ethnique.

Si on n’a pas encore compris le bien-fondé de la conservation de sa culture en Côte d’Ivoire, c’est qu’on a un véritable problème (identitaire ?).

Il y a quelques jours une amie attirait mon attention sur un phénomène que j’avais plus ou moins remarqué que j’appellerais la nigérisation de l’Ivoirien. Il s’agit de l’influence nigériane qui souffle sur la Côte d’Ivoire depuis quelque temps tant au niveau musical que vestimentaire.

C’est l’Afrique qui gagne me dira-t-on !

L’Afrique bouge et je ne pas en être moins fière. Mais où nous plaçons-nous dans cette mouvance en tant qu’Ivoiriens ? Je ne peux nier me laisser moi-même entraînée par ce rythme entraînant que produit l’industrie nigériane. Quand pour faire de l’argent on pense qu’on doit produire des disques naija ça m’attriste. Il y a tellement de rythmes de chez nous qui peuvent être modernisés pour apporter la fraîcheur nécessaire à faire bouger la jeunesse ivoirienne. Le meilleur exemple d’artiste qui a réussi dans la durée à imposer la musique du terroir serait Meiway et la nouvelle génération gagnerait à en faire de même.
L’afrobeat propulsé dans les années 70 par l’un des meilleurs artistes africains, Fela Kuti, impose le respect. De là se sont greffés plusieurs rythmes qui font bouger aujourd’hui notre continent.

Qu’est-ce qu’on a de plus si on fait comme les autres ? En termes de rythmes modernes, on a le Zouglou, le coupé décalé et ses dérivés qui font leur chemin à l’international. Attachons-nous à nos valeurs et montrons au monde que nous avons du talent.

Et si copier leur musique ne suffisait pas, on copie également leurs tenues vestimentaires.

Les Nigérians sont romantiques. Ils produisent de nombreuses chansons d’amour avec des clips vidéo meublés de scènes de mariages qui font rêver. Les femmes sont belles avec leurs tenues traditionnelles, les hommes sont majestueux et les fêtes grandioses. Tout pour faire rêver notre belle jeunesse ivoirienne. Maintenant quand on célèbre nos mariages traditionnels, on porte des tenues nigérianes, on mange de la nourriture nigériane. Il n’y a rien de mal à célébrer une autre culture, ce serait même signe d’ouverture d’esprit, mais pas au détriment de la nôtre.

Quand on célèbre un mariage traditionnel au-delà de l’union des époux, c’est une occasion unique de perpétuer la tradition et de passer à la nouvelle génération les us ancestraux. Chaque groupe ethnique se doit de faire cette transmission, sinon elle se meurt. En Afrique on possède la tradition orale et très peu de livres où l’on explique toutes nos pratiques traditionnelles. Il faut qu’on se sente garant de la mémoire de notre groupe ethnique, de notre culture.

Nous avons tellement de tenues traditionnelles en Côte d’Ivoire qui rivalisent de beauté d’une région à une autre. Il faudrait qu’on les arbore fièrement et les montre aux autres.

Puisqu’on a maintenant en plus une mémoire numérique je crée ce wiki Traditions Cote d’Ivoire pour que tous les Ivoiriens puissent y poster en photo la tenue de chez eux avec une description. Sur les différentes plateformes de microblogging avec l’utilisation de #CivTraditions, je me chargerais également de les répertorier.

Ci-dessous une tenue traditionnelle en pays Aboure, la nouvelle accouchée fait sa sortie officielle.

tradition-akan

 


A chaque jour suffit sa peine !

Hier matin, je me suis levée relativement tôt pour aller à mon entretien. Relativement tôt parce que mon réveil n’a pas sonné ce matin-là. Je me suis levée en sursaut pour prendre ma douche et me mettre en route.
20 minutes à attendre au bord de la route et aucune voiture ne passe.
Je commençais à m’inquiéter quand un passant me fit comprendre que la grève des taxis avait commencé ce matin. Oh mon Dieu comment peuvent-ils décider de s’arrêter de travailler sans prévenir ? Pensais-je. Me voilà en train de marcher aussi vite que je peux pour rejoindre la grande voie. Dans ma course folle, je manquai de tomber, ralenti par un caillou, quand je vis une connaissance qui me prit dans sa voiture, pour me conduire dans la zone de mon entretien. Dans la zone, enfin, à environ 1 km de ma destination. Je regardai ma montre, j’étais définitivement en retard. Je repris ma marche les larmes aux yeux pendant une quinzaine de minutes.

J’arrivai enfin sur le lieu d’entretien complètement en nage. Après avoir pris quelques renseignements à la réception, je trouvai une place pour m’assoir. Tout le monde me regardait, je continuais de transpirer à grosses gouttes. J’essayais de me concentrer sur ma présentation et les éventuelles questions de mon interlocuteur.
Malgré la climatisation de la salle, je sentais toujours une chaleur dans mon corps. Je pensais au stress.
Mon estomac me faisait quelques signes, mais je ne prêtais pas attention. Je cherchais un mouchoir en vain dans mon sac pour m’éponger, quand ma voisine m’en proposa. Je sentis ensuite une violente douleur dans mon estomac. Ça ne pouvait pas être ce que je pensais. Pas aujourd’hui.
Je palpais doucement mon ventre pour essayer de comprendre ce qui se passait. Apparemment, ce n’était pas les papillons du stress mais plutôt le ragoût de la veille qui cherchait sa sortie vers le sud.

A ce moment je me mis à prier. Je demandai à Dieu de me conférer tous les pouvoirs qu’il m’avait promis à mon baptême pour exorciser mon ventre. C’était une réelle force du mal qui tourmentait mon pauvre ventre. J’apposai ma main sur la partie douloureuse. 2 minutes après, pas de miracle. Je dus me lever pour aller demander les toilettes.
J’avançais d’un pas hésitant et les fesses serrer vers le comptoir. La réceptionniste me fit signe de la main pour m’indiquer les toilettes. C’est quand on est proche de la délivrance que les muscles veulent se relâcher. La salle d’attente était pleine et je me dirigeais doucement vers la porte à côté. Mes fesses se relâchaient et je laissai échapper un petit pet fluet. Je priai qu’il soit assez discret, quand le rire d’une personne me fit comprendre que tout le monde avait entendu.
Je rejoignis la salle d’eau pour évacuer le mal en regardant droit devant moi. Dans la précipitation la fermeture éclair de mon pantalon craqua. Mon chemisier trop court pourrait cacher à peine l’ouverture. Des bruits tantôt sourds tantôt puissants en sortaient, mais à ce stade que pouvais-je faire ? Je regardai ce qui sortait de moi. Je n’étais plus une lady juste un estomac malade. Je tirai trois fois la chasse d’eau, rien ne sortait, pas d’eau. Je dus laisser les toilettes dans cet état. Je retournai malgré tout dans la salle pour attendre mon tour.
J’étais maintenant face à mon interlocuteur et je tentais de m’assoir délicatement dans le fauteuil qu’il me désignait. Je crus mourir quand son regard tomba sur mon pantalon ouvert.

 

PS : Ceci est une fiction je suis une lady :3


Tout augmente sauf le fruit de notre labeur

Tout début a une fin.
Tout commencement peut se prolonger en éternité.

Je me suis adossée au baobab croyant trouver la solution.
Malgré tout le soleil continuait de brûler mon crâne nu.
Mes mains continuaient de creuser à la recherche de bénédictions.
Mes poches ne se remplissaient pas non plus.

Elles travaillent les mains les plus glorieuses,
Et elles reçoivent une récolte fructueuse.
Quel est donc le secret ?
On évoquait son nom quand on parlait de solution.
Il paraît que le chef du village en face est venu à bout de la région.
Les guerriers ont combattu et n’ont rien obtenu.
La tête baissée nous allions,
Seulement, la taxe sur nos récoltes a encore augmenté.

L’eau de la rivière n’arrive toujours pas à l’autre bout de la contrée.
Les femmes portent toujours leurs enfants sur le dos.
Ils sont encore présents nos maux,
Quand on prend le pont pour aller de l’autre côté remplir nos seaux.
Quelle est la solution pour mes enfants que je nourris ?
Je leur dis de venir s’adosser contre le baobab pour trouver de l’ombre.
On se couchera là jusqu’à ce que la pluie nous apporte ses fruits.


Fête des générations chez les Abourés

Les Abourés sont un peuple lagunaire du sud-est de la Côte d’Ivoire faisant partie du grand groupe ethnique Akan. Une fois par an, les membres de cette communauté célèbrent la fête des générations qui rassemble tous les natifs du village vivant sur place ou ailleurs. Elle est le signe de la maturité d’une nouvelle génération. C’est aussi l’occasion unique de retrouver la grande famille et de renouer avec les traditions.

Cette fête se déroule sur deux jours. La veille au soir, tous les garçons des différentes générations se rassemblent pour allumer de longs flambeaux qu’ils transportent à bouts de bras dans tout le village reprenant en cœur le chant des guerriers.
Les femmes ne sont pas autorisées à participer à cette procession qui se termine au cimetière du village. Les hommes se gardent bien de dévoiler ce qui se passe une fois là-bas. Après, c’est le retour à la cour familiale, celle des grands-parents, en attendant avec impatience le lendemain matin.

Les générations se divisent en trois catégories : les aînés, les cadets et les benjamins. Dans chaque famille les enfants se répartissent selon leur ordre d’arrivée.

Quelques semaines avant la fête, un pagne est attribué à chaque génération. Les membres préparent leur tenue en fonction de leur catégorie et il est interdit de la porter avant le jour-J
Le matin de la célébration arrive donc. A l’aube chaque génération se retrouve dans une cour pour danser. Quelques heures plus tard, chacun revêt son uniforme, se recouvre le corps de kaolin et rejoint le point de rassemblement.

La cérémonie démarre en bord de lagune avec la présentation du chef guerrier de chaque génération et de ses protecteurs sur une grande pirogue. Chaque pirogue passe devant l’assemblée qui encourage avec des applaudissements les membres de la pirogue. Les tambours retentissent. Le chef guerrier esquisse quelques pas de danse.
Après avoir été choisi, il doit accomplir son devoir de chef jusqu’à ce qu’il n’ait plus les capacités physiques de le faire. On le prépare physiquement et mystiquement avant le jour de la célébration dans le plus grand secret.

Après la parade lagunaire, les groupes selon les générations se forment. A la tête, celui que j’appellerai l’éclaireur. Il ouvre la marche après avoir vérifié qu’il n’y a pas de pièges invisibles aux yeux du commun des mortels. Les hommes de la génération avec les tambours et leur hochet en main pour la rythmique leur emboîtent le pas. Ils sont suivis par celui que j’appellerai le protecteur. Cette personne peut être une femme. Elle tient en main des liqueurs pour des libations, des oeufs et une poudre blanche. Juste derrière elle se trouve le chef guerrier qui veut avoir une allure effrayante. Il est paré d’une tenue en peau d’animaux, un couvre-chef orné de miroirs, un tissu rouge autour de la taille et son corps est entièrement recouvert de poudre blanche.

Une personne reste près de lui en tenant le tissu rouge relié à sa taille. Les femmes encouragent le chef guerrier de leurs chants et lancent quelques piques en chansons aux autres groupes rivaux. Cette rivalité entraîne une démonstration de puissance mystique que l’on pourrait assimiler à de la magie noire.
La procession est stoppée à  des moments par des attaques que les éclaireurs et ceux qui ont le don de voir l’invisible tentent de déjouer. On pourra voir subitement une personne de la foule tomber en transe, une autre casser des œufs frais sur sa tête ou verser de l’eau.
Un protecteur du chef fait le tour du groupe en soufflant une poudre blanche. Le guerrier peut à présent danser vers les femmes qui continuent de chanter et de l’encourager. Il fait un petit saut les deux bras en l’air indiquant la direction à prendre, la marche continue donc dans le village.

Toutes les générations se retrouvent enfin sur la grande place du village où tout le monde danse et se sépare sur une note de gaité. De grandes tables sont dressées dans chaque cour familiale pour recevoir la grande famille et les étrangers venus pour l’occasion. C’est un moment de partage convivial.