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Monologue d'un malade

Je suis malade et ils rient.
Les gens de l’autre côté de la porte,
Ils rient, ils prennent du bon temps.
Je suis là dans mon lit et je souffre.
Ils savent pourtant que je vais mal.
Pourquoi ne viennent-ils pas à mon chevet,
Prier, me mettre un gant froid sur le front,
Me passer du baume sur la poitrine,
Me masser les pieds?
J’arrive à peine à tenir sur mes pieds.
Ces pieds que je prenais pour aller gagner le pain qu’ils mangent aujourd’hui.

Trois jours que j’ai de la fièvre et personne ne panique.
Ma gorge est sèche.
Ils devraient venir me porter l’eau à la bouche.
Où pourrais-je trouver la force?
Ce matin Marie est passée furtivement me toucher le front.
Je ne lui ai rien dit pensant qu’elle s’attarderait un peu plus.
Elle est reparti aussi vite qu’elle est entrée me laissant seul avec mon mal.
Je senti à l’odeur de ses mains qu’elle a cuisiné un poulet.
Cela m’a un peu ouvert l’appétit.
J’aime beaucoup le poulet sauté aux petits légumes qu’elle me propose de temps à autre.
Elle le sait!
Veut-elle m’obliger à me traîner pour aller lui demander de me nourrir ?
Les malades ont aussi besoin de manger.
Enfin quand ils peuvent.
M’en veut-elle encore pour sa soupe que j’ai repoussé hier soir?
J’avais l’estomac noué, elle devrait le comprendre.
On ne force pas un estomac qui ne peut rien recevoir.

Derrière la porte Jaques et Julien rient avec Marie.
Sont-ils venus me narguer avec leur joie de vivre?
Moi leur ami de si longue date.
Mon mal mérite pourtant soins et silence.

 

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Auteur·e

yaomariette

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