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La nigérisation de la Côte d'Ivoire

La jeunesse ivoirienne perd pied face à la vague de l’influence nigériane qui souffle sur l’Afrique. De la coloration musicale à la tenue vestimentaire, la Côte d’Ivoire bouge au rythme de ses frères du Nigeria.

La culture cette appartenance qui fait la fierté d’un pays, la continuité d’un peuple, la pérennisation de l’histoire d’une nation.
Si la mondialisation nous rapproche, la culture nous distingue, et ce pour le bien de la mémoire d’une patrie, d’un groupe ethnique.

Si on n’a pas encore compris le bien-fondé de la conservation de sa culture en Côte d’Ivoire, c’est qu’on a un véritable problème (identitaire ?).

Il y a quelques jours une amie attirait mon attention sur un phénomène que j’avais plus ou moins remarqué que j’appellerais la nigérisation de l’Ivoirien. Il s’agit de l’influence nigériane qui souffle sur la Côte d’Ivoire depuis quelque temps tant au niveau musical que vestimentaire.

C’est l’Afrique qui gagne me dira-t-on !

L’Afrique bouge et je ne pas en être moins fière. Mais où nous plaçons-nous dans cette mouvance en tant qu’Ivoiriens ? Je ne peux nier me laisser moi-même entraînée par ce rythme entraînant que produit l’industrie nigériane. Quand pour faire de l’argent on pense qu’on doit produire des disques naija ça m’attriste. Il y a tellement de rythmes de chez nous qui peuvent être modernisés pour apporter la fraîcheur nécessaire à faire bouger la jeunesse ivoirienne. Le meilleur exemple d’artiste qui a réussi dans la durée à imposer la musique du terroir serait Meiway et la nouvelle génération gagnerait à en faire de même.
L’afrobeat propulsé dans les années 70 par l’un des meilleurs artistes africains, Fela Kuti, impose le respect. De là se sont greffés plusieurs rythmes qui font bouger aujourd’hui notre continent.

Qu’est-ce qu’on a de plus si on fait comme les autres ? En termes de rythmes modernes, on a le Zouglou, le coupé décalé et ses dérivés qui font leur chemin à l’international. Attachons-nous à nos valeurs et montrons au monde que nous avons du talent.

Et si copier leur musique ne suffisait pas, on copie également leurs tenues vestimentaires.

Les Nigérians sont romantiques. Ils produisent de nombreuses chansons d’amour avec des clips vidéo meublés de scènes de mariages qui font rêver. Les femmes sont belles avec leurs tenues traditionnelles, les hommes sont majestueux et les fêtes grandioses. Tout pour faire rêver notre belle jeunesse ivoirienne. Maintenant quand on célèbre nos mariages traditionnels, on porte des tenues nigérianes, on mange de la nourriture nigériane. Il n’y a rien de mal à célébrer une autre culture, ce serait même signe d’ouverture d’esprit, mais pas au détriment de la nôtre.

Quand on célèbre un mariage traditionnel au-delà de l’union des époux, c’est une occasion unique de perpétuer la tradition et de passer à la nouvelle génération les us ancestraux. Chaque groupe ethnique se doit de faire cette transmission, sinon elle se meurt. En Afrique on possède la tradition orale et très peu de livres où l’on explique toutes nos pratiques traditionnelles. Il faut qu’on se sente garant de la mémoire de notre groupe ethnique, de notre culture.

Nous avons tellement de tenues traditionnelles en Côte d’Ivoire qui rivalisent de beauté d’une région à une autre. Il faudrait qu’on les arbore fièrement et les montre aux autres.

Puisqu’on a maintenant en plus une mémoire numérique je crée ce wiki Traditions Cote d’Ivoire pour que tous les Ivoiriens puissent y poster en photo la tenue de chez eux avec une description. Sur les différentes plateformes de microblogging avec l’utilisation de #CivTraditions, je me chargerais également de les répertorier.

Ci-dessous une tenue traditionnelle en pays Aboure, la nouvelle accouchée fait sa sortie officielle.

tradition-akan

 

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Auteur·e

yaomariette

Commentaires

Mawulolo
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"Nigérisation" me fait plutôt voir "Niger", je dirai donc "nigérianisation"

Mariette Yao
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C'est vrai. J'ai juste raccourci pour que ca sonne mieux :)