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Fête des générations chez les Abourés

Les Abourés sont un peuple lagunaire du sud-est de la Côte d’Ivoire faisant partie du grand groupe ethnique Akan. Une fois par an, les membres de cette communauté célèbrent la fête des générations qui rassemble tous les natifs du village vivant sur place ou ailleurs. Elle est le signe de la maturité d’une nouvelle génération. C’est aussi l’occasion unique de retrouver la grande famille et de renouer avec les traditions.

Cette fête se déroule sur deux jours. La veille au soir, tous les garçons des différentes générations se rassemblent pour allumer de longs flambeaux qu’ils transportent à bouts de bras dans tout le village reprenant en cœur le chant des guerriers.
Les femmes ne sont pas autorisées à participer à cette procession qui se termine au cimetière du village. Les hommes se gardent bien de dévoiler ce qui se passe une fois là-bas. Après, c’est le retour à la cour familiale, celle des grands-parents, en attendant avec impatience le lendemain matin.

Les générations se divisent en trois catégories : les aînés, les cadets et les benjamins. Dans chaque famille les enfants se répartissent selon leur ordre d’arrivée.

Quelques semaines avant la fête, un pagne est attribué à chaque génération. Les membres préparent leur tenue en fonction de leur catégorie et il est interdit de la porter avant le jour-J
Le matin de la célébration arrive donc. A l’aube chaque génération se retrouve dans une cour pour danser. Quelques heures plus tard, chacun revêt son uniforme, se recouvre le corps de kaolin et rejoint le point de rassemblement.

La cérémonie démarre en bord de lagune avec la présentation du chef guerrier de chaque génération et de ses protecteurs sur une grande pirogue. Chaque pirogue passe devant l’assemblée qui encourage avec des applaudissements les membres de la pirogue. Les tambours retentissent. Le chef guerrier esquisse quelques pas de danse.
Après avoir été choisi, il doit accomplir son devoir de chef jusqu’à ce qu’il n’ait plus les capacités physiques de le faire. On le prépare physiquement et mystiquement avant le jour de la célébration dans le plus grand secret.

Après la parade lagunaire, les groupes selon les générations se forment. A la tête, celui que j’appellerai l’éclaireur. Il ouvre la marche après avoir vérifié qu’il n’y a pas de pièges invisibles aux yeux du commun des mortels. Les hommes de la génération avec les tambours et leur hochet en main pour la rythmique leur emboîtent le pas. Ils sont suivis par celui que j’appellerai le protecteur. Cette personne peut être une femme. Elle tient en main des liqueurs pour des libations, des oeufs et une poudre blanche. Juste derrière elle se trouve le chef guerrier qui veut avoir une allure effrayante. Il est paré d’une tenue en peau d’animaux, un couvre-chef orné de miroirs, un tissu rouge autour de la taille et son corps est entièrement recouvert de poudre blanche.

Une personne reste près de lui en tenant le tissu rouge relié à sa taille. Les femmes encouragent le chef guerrier de leurs chants et lancent quelques piques en chansons aux autres groupes rivaux. Cette rivalité entraîne une démonstration de puissance mystique que l’on pourrait assimiler à de la magie noire.
La procession est stoppée à  des moments par des attaques que les éclaireurs et ceux qui ont le don de voir l’invisible tentent de déjouer. On pourra voir subitement une personne de la foule tomber en transe, une autre casser des œufs frais sur sa tête ou verser de l’eau.
Un protecteur du chef fait le tour du groupe en soufflant une poudre blanche. Le guerrier peut à présent danser vers les femmes qui continuent de chanter et de l’encourager. Il fait un petit saut les deux bras en l’air indiquant la direction à prendre, la marche continue donc dans le village.

Toutes les générations se retrouvent enfin sur la grande place du village où tout le monde danse et se sépare sur une note de gaité. De grandes tables sont dressées dans chaque cour familiale pour recevoir la grande famille et les étrangers venus pour l’occasion. C’est un moment de partage convivial.

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yaomariette

Commentaires

Benjamin Yobouet
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Merci pour cette belle présentation du déroulement de la fête chez les Abourés...

C'est comme nous y étions. C'est la promotion de la culture...la diversité culturelle est en marche.
Cordialement !

Mariette Yao
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Merci Benjamin, c'est exactement le but : promouvoir notre culture. A bientôt :)

Richard Kouassi
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Félicitations pour cet article qui nous plonge dans la tradition Abouré. J'ai surtout apprécié le style descriptif.

Mariette Yao
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Merci Richard, contente d'avoir pu vous transporter dans la tradition.

Serge
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Franchement je suis sans mot. Moi qui me sentait ABOURE, je ne connaissais pas assez. Congratulations Sister

Mariette Yao
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Cool alors mon frère Abouré ;) On essaie de préserver l'héritage culturel de nos parents.

Audrey yao
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Félicitations je ne suis pas abouré mais mtn je cnais plus

Mariette Yao
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Merci Audrey d'être passée par ici.

vonan kouadio francois
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Merci pour cette eclaircie mais ce n'est pas dans tous les villages ou l'on va au cimetiere pour la possession finale.
Aussi vous avez oubliez de faire remarquer qu'a 4h se danse le fokwé avt meme toutes autres chose le jour de la fete.

Mariette Yao
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Merci Vonan, c'est vrai j'ai oublié de mentionner le Fokwe qui débute tout. De quel village êtes-vous?

Adeline
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Bof le pays quoi , bien organisé moi je dis respect

osee ayemou
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Tout est supers mains quel est le nom de la fête de génération

ornella
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wow étais juste venue pour rédiger un récit sur une fête epuis je découvre une dimension ethnique wouawou i'm speechless